ENEIDE, LIVRE VI
Rencontre avec la Sibylle (1-263)
"Ainsi parle Énée en pleurant puis il lâche la bride à la flotte
et aborde finalement aux rivages euboïques de Cumes.
On retourne les proues vers la mer ; alors, de leur dent puissante,
les ancres immobilisent les navires, et les poupes recourbées bordent
le rivage."
(Bibliotheca
Classica Selecta)
- (Textes
Latins)
Arrivée dans le monde souterrain (264-425)
"Dieux, souverains des âmes, Ombres silencieuses,
Chaos et Phlégéthon, lieux muets étendus dans la nuit,
permettez-moi de dire ce que j'ai entendu, accordez-moi de révéler
les secrets enfouis dans les profondeurs obscures de la terre.
Ils s'avançaient seuls, dans l'ombre d'une nuit obscure,
à travers les demeures vides et le royaume inconsistant de Dis :
ainsi va-t-on dans les bois, à la lueur ingrate d'une lune incertaine,
quand dans l'ombre Jupiter a enfoui les cieux,
et quand la nuit noire a retiré aux choses leur couleur."
(Bibliotheca
Classica Selecta)
- (Textes
Latins)
Victimes
de mort prématurée (426-547)
"Aussitôt on entend des voix et de puissants vagissements
:
ce
sont les âmes de jeunes enfants en pleurs,
exclus de la douceur de vivre au seuil même de l'existence,
ravis au sein maternel par le jour sombre
qui les emporta et les plongea dans la mort cruelle.
Tout près d'eux, les condamnés à mort suite à un faux jugement."
(Bibliotheca
Classica Selecta)
- (Textes
Latins)
Damnés et bienheureux (548-678)
Énée se retourne soudain, et au pied de la roche,
sur la gauche, aperçoit de larges remparts entourés d'un triple mur
;
un fleuve torrentueux les entoure de ses flammes ardentes,
le Phlégéthon du Tartare, tout bruyant des pierres qu'il charrie.
Devant eux se dresse une porte énorme, aux solides colonnes d'acier
;
aucune force humaine, et même les habitants du ciel, en guerre,
ne réussiraient à les détruire ; une tour de fer s'élève dans le ciel,
et Tisiphone, avec sa robe retroussée toute tachée de sang,
est assise et garde l'entrée, sans fermer l'oeil, ni la nuit, ni le
jour.
On entend monter de là gémissements et cruels claquements de fouets,
et aussi le grincement du fer de chaînes que l'on traîne.
Énée s'arrêta et, effrayé, s'emplit les oreilles de ce vacarme.
(Bibliotheca
Classica Selecta)
- (Textes
Latins)
Révélations et prophéties d'Anchise (679-901)
"Et Énée de lui répondre : "C'est ton image, père, ta triste
image,
qui, si souvent présente devant moi, m'a amené vers ce seuil ;
notre flotte est ancrée dans la mer tyrrhénienne. Laisse-moi, père,
laisse-moi serrer ta main, et ne te soustrais pas à notre étreinte".
Pendant qu'il parlait, son visage ruisselait d'abondantes larmes.
Par trois fois, il tenta d'entourer de ses bras le cou paternel ;
par trois fois l'image vainement saisie lui échappa des mains,
à l'égal des brises légères, et toute pareille à un songe qui s'envole."
[...]
"Il existe deux Portes du Sommeil ; la première, dit-on,
est de corne, et donne un accès facile aux ombres véritables ;
l'autre est faite d'un ivoire éclatant, et resplendit,
mais c'est par elle
que les Mânes envoient vers le ciel des songes trompeurs.
Tout en parlant ainsi, Anchise reconduit à cet endroit
son fils et la Sibylle, et les fait sortir par la porte d'ivoire.
Énée coupe au plus court vers ses navires et retrouve ses compagnons.
Alors il gagne directement, le long de la côte, le port de Caiète.
Les ancres tombent des proues ; les poupes se dressent sur le rivage."
(Bibliotheca
Classica Selecta)
- (Textes
Latins)
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